L’un des stades de football les plus célèbres de la Lorraine aurait bien pu être un… cimetière.
En 1926, le stade Marcel-Picot était inauguré à Tomblaine (Meurthe-et-Moselle), à moins d’un quart d’heure du centre-ville de Nancy. Retour sur le destin de ce stade emblématique, loin d’être tout tracé.
Un troisième cimetière pour la Ville
Tout commence pendant la Première Guerre mondiale. À l’époque, seuls deux cimetières existent à Nancy : celui de Préville et celui du Sud.
Mais alors que la guerre fait de plus en plus de morts, les places commencent à manquer pour enterrer les défunts. Alors, la Ville envisage la création d’un troisième cimetière, celui « de l’Est ».
D’après les documents des archives municipales de Nancy, il a fallu des enquêtes parcellaires, des délibérations du conseil municipal et plusieurs correspondances sur le sujet avant que le projet ne prenne forme.
Mais il est tout de même décidé que le cimetière de l’Est s’installe sur le terrain de l’actuel stade Marcel-Picot.
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Pas de cimetière, ni de port d’attache
La Ville paie donc une grosse somme pour avoir le terrain et obtient son troisième cimetière. « Le cimetière de l’Est était alors clôturé avec des grands murs, il attendait le premier client », explique Bertrand Munier, journaliste et écrivain.
Mais personne n’a finalement jamais été enterré ici. Après un changement de maire, le projet est avorté. Le cimetière devait ensuite devenir un port d’attache d’aviation militaire. Mais là aussi, le projet est finalement resté au point mort.
Un stade à la place du cimetière
Bertrand Munier explique que c’est sous l’impulsion du premier magistrat nancéien Gustave Simon que les choses bougent.
C’est lui qui décide de louer un terrain pour les sportifs de l’université de Lorraine. Et il choisit… le cimetière de l’Est. Le lieu est situé sur la route entre Saint-Max et Tomblaine.
Les plans du stade sont tracés, les militaires participent à déblayer le terrain et le premier match de football a lieu entre l’équipe de Nancy et celle Metz. Mais rapidement, le bureau du stade se dissout et le projet menace de tomber à l’eau, explique l’écrivain.
Marcel Picot à la rescousse
C’était sans compter sur Marcel Picot. En 1922, ce commerçant nancéien est nommé à la tête du Stade universitaire lorrain. Assez vite, le maire de l’époque, Henri Mengin, lui accorde un bail de trente ans pour le terrain de football.
Puis vient le projet de faire du terrain un stade moderne qui serait à l’image de la ville de Nancy. Pour cela, Marcel Picot se démène pour trouver des financements aux travaux puis lance la construction du stade.
Le stade rebaptisé en 1968
Et le 8 août 1926, le stade est inauguré. « Sans l’ambition et le dynamisme de Marcel Picot, le stade de football du même nom n’aurait certainement jamais vu le jour », assure Bertrand Munier, dans son ouvrage Guide secret de la Lorraine.
À l’époque, on appelle le lieu le stade du parc des sports du pont d’Essey. C’est seulement en 1968 que le stade sera rebaptisé « Marcel-Picot », en hommage à l’ancien président du stade universitaire lorrain.
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